J’ai voulu vous parler de la taille des rosiers dans cette newsletter Les mains dans la terre, non pas par amour des roses, mais en lien avec une mission et un appel à projet pour lequel Terre & Humanisme a été sélectionnée en partenariat avec le collectif « Jardins historiques et patrimoines »
Cet appel à projet concerne la célèbre roseraie de L’Haÿ-les-Roses, dans le département du Val de Marne.
Dans ce lieu, la roseraie périclite et perd d’année en année de sa superbe. Plusieurs facteurs en sont responsables : le changement climatique, les maladies, la dégénérescence des porte-greffes, la qualité du sol, et aussi les ressources humaines disponibles. Ainsi, dans cet appel à projet, notre mission consistera, d’ici fin 2026, à trouver des solutions et à proposer un plan d’actions pour remettre sur pied cette roseraie.
C’est la raison pour laquelle j’ai eu envie de vous partager aujourd’hui mes conseils sur la taille des rosiers.
Pourquoi tailler les rosiers ?
À l’inverse des rosiers sauvages, les rosiers cultivés de nos jardins ont été sélectionnés — et souvent greffés — pour produire et fleurir abondamment. Ils fleurissent d’ailleurs souvent bien plus que leurs grands frères sauvages.
Sans taille, ces rosiers risqueraient de vivre moins longtemps, et surtout de fleurir beaucoup moins. Il existe de nombreuses variétés de rosiers, mais pour les classiques (comme les rosiers buissons ou les rosiers anglais), les branches partent directement de la souche. Ces branches vivent quelques années, mais elles ne sont pas éternelles : très souvent, au bout de 3 à 5 ans, elles perdent en vigueur. Naturellement, le rosier va rejeter de nouvelles branches depuis la souche, plus vigoureuses, et donc plus florifères. Mais à l’état naturel, il attend que les vieilles branches soient vraiment fatiguées avant de le faire — ce qui peut compromettre la floraison.
C’est là tout le travail du jardinier : accélérer ce processus en coupant ces vieux sujets plus tôt, afin que le rosier bénéficie rapidement de nouvelles branches, et donc d’une floraison bien meilleure.
Comment la taille agit-elle sur le rosier ?
Comme pour les arbres, il existe un équilibre entre la masse racinaire et la partie aérienne. On dit souvent que la biomasse des branches est égale à celle des racines. Ceci s’applique aussi pour les rosiers.
Couper une branche crée un déséquilibre entre les rameaux et les racines. Le rosier va donc naturellement chercher à retrouver l’équilibre en formant de nouvelles branches, qui naîtront au niveau des bourgeons situés juste en dessous du point de coupe. Si on taille à ras, le rosier repartira directement de la souche.
Il existe une relation directe entre le point de taille et la vigueur de la repousse !
Quels rosiers tailler en priorité ?
- Les rosiers à massif ou buissons
- Les rosiers modernes (moins de 70 ans)
- Les rosiers grimpants
Quelle est la meilleure période pour tailler ?
La meilleure période pour la taille est à la fin de l’hiver ou au début du printemps, lorsque le bourgeon récemment sorti commence à devenir une jeune pousse. Attention à ne pas dépasser 2 cm de pousse. Les rosiers peuvent également être taillés à l’automne, bien que ce ne soit pas la période idéale. On privilégiera alors la coupe des rameaux morts ou dépérissant.
–> Les autres saisons de taille
- Après la floraison : Le nettoyage des fleurs fanées est indispensable chez les rosiers, à la fin de leur floraison. Coupez au niveau du pédoncule, c’est-à-dire la petite tige qui relie la fleur au reste.
⚠️ Ce nettoyage ne doit pas être effectué sur les rosiers botaniques. - En vert : En cours de végétation, lorsque les longues pousses s’allongent, vous pouvez procéder à un étêtage des derniers centimètres. Ce geste s’appelle le « pincement » ou « pinçage » de la pousse. On le fait souvent sur les rosiers grimpants pour éviter qu’ils ne développent des tiges trop longues qui se dégarnissent à la base.
- En été : Chez les rosiers remontants (qui refleurissent plusieurs fois pendant la belle saison), une taille d’été est indispensable. Elle permet la formation de nouvelles pousses à fleurs. Il s’agit d’une taille de rafraîchissement des rameaux en fleurs.
Comment bien tailler ?
Tenez le sécateur du bon côté : la lame fine doit être placée en dessous, la contre-lame au-dessus. La tige du rosier doit être coupée à proximité d’un bourgeon, mais pas à ras ! Respectez une distance de 5 mm minimum et 1 cm maximum entre la coupe et le bourgeon.
La coupe doit être légèrement en biseau, avec la pente orientée à l’opposé du bourgeon, pour éviter que l’eau ne ruisselle vers lui. Favorisez les bourgeons orientés vers l’extérieur du rosier.
–> À couper impérativement
- Les brindilles faibles : À couper à ras ! Ce sont de petits rameaux avec peu de feuilles, qui portent rarement des fleurs. Ils sont souvent les premiers touchés par les maladies, notamment le marsonia (maladie des taches noires).
- Le bois mort : Coupez les branches mortes à 5 mm au-dessus de la partie encore vivante.
- Les branches en contact : À couper à tout moment de la saison, notamment celles qui se frottent, mais aussi les branches pliées ou cassées (à couper à 5 cm sous la blessure).
Quelles tailles selon les types de rosiers ?
1 / Rosier buisson ou à massif
Ce type de rosier a besoin d’une taille annuelle pour ne pas dépérir. On les appelle aussi rosiers à massif : cela inclut les rosiers modernes et les rosiers anglais. Ils se taillent assez court pour encourager la formation de jeunes tiges. Avant de tailler, assurez-vous que le rosier ne porte pas de rejets du porte-greffe (à supprimer en priorité).
–> Repérez les types de tiges :
- Jeunes pousses à fleurs : elles ont poussé de façon droite, sont vigoureuses et ont porté quelques fleurs à leur extrémité l’année précédente. Les raccourcir un peu (mais pas trop), car elles porteront les fleurs de l’année.
- Vieilles tiges à fleurs : à couper court, voire à ras. Ce sont les tiges très fleuries l’année précédente, souvent ramifiées et un peu desséchées à l’extrémité.
- Pousses dépérissantes : à tailler à ras. Elles sont presque mortes, avec une écorce beige clair ou noire, et encombrent le cœur du rosier inutilement.
2/ Rosier grimpant
La taille consiste à garder les tiges vigoureuses. L’idée est de conserver les plus grandes branches saines, peu ramifiées : elles forment ce que l’on appelle la « charpentière ». Les fleurs naissent sur les ramifications secondaires. Il faut donc couper à ras toutes les branches secondaires, en laissant un œil sur la charpentière pour le départ de nouvelles pousses fleuries.
En espérant que ces conseils vous seront utiles pour embellir votre jardin !
Fred FORTIN, jardinier en agroécologie
Sources : Tailler et soigner mes rosiers – edition Ulmer, Le Livre de la rose – Alain Baraton – Edition Grasset
Pour les oreilles : https://www.radiofrance.fr/francebleu/podcasts/circuit-bleu-cote-jardin/les-conseils-de-notre-expert-jardin-pour-la-taille-des-rosiers-3438028