Retour d’expérience après plusieurs mois d’utilisation du méthaniseur au Mas de Beaulieu, Lablachère
Depuis quelques mois nous expérimentons la micro-méthanisation domestique dans les jardins de notre centre agroécologique du Mas de Beaulieu. Nous produisons notre propre biogaz destiné à la cuisine, qui accueille nos publics en séjours d’immersion, les Volonterres.
Cette démarche s’inscrit dans notre volonté d’aller vers plus d’autonomie énergétique au Mas de Beaulieu. Il y a également une visée pédagogique, ce sont en effet nos stagiaires et Volonterres qui gèrent et utilisent le méthaniseur, soutenus par les animateurs-formateurs de Terre & Humanisme.
Le principe ?
Des matières organiques issues de nos jardins sont valorisées sous forme de biogaz en passant dans un digesteur, au sein duquel une fermentation anaérobie (sans oxygène) se déroule. Le digesteur est une poche hermétique, remplie d’eau, qui va servir de culture pour les bactéries.
Des bactéries digèrent ces matières en relarguant du gaz, le reliquat liquide est appelé digestat, il a des propriétés biofertilisantes. On cherche à sélectionner des bactéries spécifiques, qui vont plutôt produire du méthane.
Infographie par l’association PicoJoule
Pour installer un bio-méthaniseur, plusieurs options s’offrent à vous. Si vous avez des compétences en bricolage, vous pouvez envisager de le construire vous-même. Une association engagée dans la promotion des bio-méthaniseurs domestiques, telle que Picojoule (basée à Toulouse), peut vous fournir un soutien précieux tout au long du processus.
Une alternative que notre association a choisie, consiste à acheter un kit complet directement auprès d’un fabricant. Nous avons opté pour la solution proposée par HomeBioGas. Après réception du kit, composé de deux grands cartons, nous avons procédé à l’installation du méthaniseur au début du mois de mai 2023. Le montage est relativement simple, mais il nécessite le respect de plusieurs paramètres essentiels :
- Une orientation sud pour profiter des apports de chaleur solaire, en effet la température influe sur l’activité des bactéries productrices de méthane (la température optimale est autour de 38°C).
- Être positionné sur une surface de niveau et proche du brûleur (pour limiter la longueur du tuyau qui transporte le biogaz).
Inoculation à la bouse fraîche de vache
(merci à la fromagerie Boyer de Faugères)
Suite à l’installation, nous avons rempli le méthaniseur d’eau, celui-ci à une capacité de 1200 litres. Nous avons attendu 1 semaine que l’eau se réchauffe via les apports solaires du mois de mai. Le 25 mai nous l’avons inoculé avec environ 120 litres de bouse de vache fraîche (le tout mélangé à 200 litres d’eau chaude produite par nos panneaux solaires thermodynamiques), cela permet de récupérer la flore intestinale du ruminant qui produit naturellement du méthane. (Voir l’infographie à la fin de l’article).
Au bout de 3 semaines, la poche de gaz du bio-méthaniseur est pleine. Le gaz est prêt à être brûlé sur un brûleur adapté spécial méthane (fourni avec le kit). La stabilisation de la fermentation peut durer plusieurs semaines.
En moyenne nous avons obtenu entre 45 minutes et 2 heures de gaz par jour avec ce brûleur (voir photo).
Dans le prochain article nous détaillerons le fonctionnement précis du méthaniseur et notre retour d’expérience sur cette première saison d’expérimentation :
- Les matières organiques utilisées
- La gestion collective, avantages et inconvénients
- Nos erreurs
- Comment utiliser le digestat ?
- Nos pistes d’améliorations
- Quels risques ?
Si vous avez des questions spécifiques, mettez-les en commentaires, nous y répondrons dans le prochain article.
En attendant voici une vidéo de notre installation : https://youtu.be/fMVAoNZpZ7k
Conception d’un méthaniseur domestique. Infographie : association PicoJoule
Auteurs : Frédéric Fortin et Arnaud Vens, formateurs en agroécologie chez Terre & Humanisme
La suite ici : Bilan d’une saison d’expérimentation d’un méthaniseur partie 2 – Formation en agroécologie (terre-humanisme.org)