Les rotations mises en place dans les jardins pédagogiques du Mas de Beaulieu en Sud Ardèche.

Pour une gestion optimale de la fertilité des sols et pour réduire les risques de maladies et de parasites, il est impératif de mettre en place un système de rotation des cultures efficace.

Pour maintenir la fertilité d’une butte de culture, l’idée est d’alterner sur une même butte de culture, une succession de légumes avec des familles botaniques différentes.

En effet, les besoins en fertilisants et nutriments varient d’un légume à l’autre. Prenons l’exemple d’une courge, membre de la famille des cucurbitacées, qui a une forte demande en minéraux. Après une culture de courge, le sol subit une chute significative de sa fertilité en minéraux. Pour restaurer l’équilibre, il est judicieux d’opter ensuite pour un légume sobre, par exemple : la fève, de la famille des légumineuses. Les légumineuses ont la capacité de fixer l’azote atmosphérique du sol, le transformant en azote directement assimilable par la plante, ce qui permet à celle-ci de croître dans des bonnes conditions tout en se nourrissant des nutriments laissés par la culture précédente de courge.

Pour optimiser la planification des rotations de cultures, nous pouvons nous appuyer sur le tableau suivant, qui dresse un inventaire des légumes majoritairement cultivés au potager. Ces légumes sont classés en trois catégories : gourmands, intermédiaires et sobres. Les légumes intermédiaires se distinguent par leur caractère malléable, ce qui les rend compatibles tant avec les légumes exigeants en nutriments (gourmands) qu’avec les variétés plus sobres. Cette flexibilité facilite considérablement les rotations culturales.

La nature est bien pensée : les familles botaniques des légumes n’attirent pas les mêmes ravageurs et souvent ne sont pas sujettes aux mêmes maladies. Ainsi, en alternant les cultures de légumes pour gérer la fertilité du sol, créer des rotations dans un jardin devient également une barrière sanitaire efficace. Par exemple, après une culture de tomates, qui est gourmande et sujette au mildiou, au cul-noir et aux punaises, on peut interrompre le cycle des ravageurs et des maladies en cultivant ensuite des carottes d’hiver. Les carottes sont sobres et ne sont pas du tout sensibles aux mêmes maladies que les tomates. C’est un succès tant pour la gestion de la fertilité que pour la maîtrise des pathogènes. 

L’utilisation d’engrais verts est une technique particulièrement efficace à intégrer dans un système de rotation des cultures. Elle repose sur l’exploitation du génie végétal pour accomplir le travail à notre place. L’idée consiste à semer des plantes en interculture. Lorsque ces plantes ont atteint une biomasse aérienne suffisante, on les coupe tout en laissant soigneusement les racines dans le sol. Ensuite, la biomasse coupée est fragmentée avant d’être réintégrée au sol avec une occultation. Au fil de sa décomposition, les micro-organismes et macro-organismes du sol vont revitaliser la fertilité de la butte de culture. 

Au Mas de Beaulieu, notre système de rotation est bien huilé et a fait ses preuves. Nos jardiniers ont mis en place un système simple et plutôt efficace : il repose sur une période de deux ans, adapté à nos conditions climatiques. L’apport de compost intervient tous les deux ans en tête de rotation, au printemps lors de la plantation des légumes les plus gourmands en éléments nutritifs. Par la suite, la gestion de la fertilité du sol repose principalement sur la culture de légumes moins exigeants en nutriments et l’utilisation d’engrais verts en intercultures.

Exemple de rotation type dans nos jardins pédagogiques du Mas de Beaulieu :
En tête de rotation au printemps, une généreuse couche de compost est appliquée au sol, à raison de 3 à 6 kg/m², suivi d’une culture exigeante, telle que les tomates, accompagnées d’intermédiaires comme la salade et les betteraves. À l’automne, un semis d’engrais vert (seigle, vesce et féveroles) est effectué pour enrichir le sol en éléments minéraux. Au printemps de la deuxième année, une culture plus sobre de carottes et d’oignons, est mise en place. En queue de rotation, un semis de fèves vient compléter le cycle agricole.

 

Article rédigé par Fred Fortin, formateur en agroécologie

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