Tout ce qu’il faut savoir pour réussir la plantation d’arbre en racines nues

Le soin apporté à la plantation d’un arbre, ainsi que sa conduite durant ses premières années seront des facteurs déterminants pour obtenir des arbres sains et résilients aux aléas.

La période de plantation se situe entre la mi-novembre et la mi-mars, quand les arbres ont perdu leurs feuilles et sont en dormances. L’idéal est de planter avant noël pour éviter la plantation en période de gel.

Planter un arbre est accessible à tous.tes, cela demande quelques précautions simples pour s’assurer d’une bonne reprise au printemps et de son bon développement durant ses premières années.

 

  • Préparation du terrain quelques mois avant plantation

Si possible, on prépare la zone de plantation quelques mois auparavant. On peut déposer du compost ou du broyat sur la zone, pour occulter la surface du sol. Cela va supprimer les plantes spontanées et ameublir le sol.

Pour la plantation de haie, une méthode simple et efficace est de dérouler un ballot de paille ou un rouleau en feutre (en chanvre ou laine).

Voici les 7 étapes clés détaillées pour y parvenir

  1. Achat
  2. Décompactage
  3. Le trou de plantation
  4. L’habillage de l’arbre
  5. Pralinage, une étape importante pour une reprise vigoureuse de l’arbre
  6. Plantation
  7. Après la plantation

 

L’achat

Dès l’achat, les arbres en racines nues doivent être plantés rapidement pour ne pas endommager les racines. Les plants ne doivent pas rester au gel ni au vent.  La qualité du système racinaire de l’arbre est à regarder en priorité. Les racines doivent rester humides, vous pouvez garder les racines de l’arbre, en jauge, dans un mélange de sable et de terreau (sol drainant, frais). En général la non reprise des arbres est dûe à des erreurs de plantation ou au séchage des racines entre la réception et la plantation de l’arbre. Pensez à bien protéger les racines jusqu’à la plantation.
Pour les arbres greffés, vérifiez la qualité de la greffe.

Si l’arbre possède encore ses feuilles, retirez-les pour éviter le dessèchement de l’arbre par évapotranspiration.

Les pépiniéristes sont très occupés à cette période de l’année, après avoir fait le choix de vos arbres, privilégiez les commandes en amont de vos plantations.

 

Décompactage

On va décompacter le sol au niveau du futur trou de plantation et aux alentours pour permettre aux racines de s’étendre facilement. Pour cela on peut utiliser une Grelinette ou une Fourche Bêche.

 

Le trou de plantation

On va creuser au minimum 1.5 fois plus grand que la taille du système racinaire. Sur sol pauvre, sol lourd (très argileux) ou sol tassé (ex : semelle de labour) on augmentera la taille du trou. Si les parois du trou vous paraissent lisses, alors il sera nécessaire de “gratter” la zone pour des aspérités, pour faciliter le passage des racines.
Pour empêcher les racines de tourner en rond après la plantation, préférer un trou carré.
Ameublir le fond à l’aide d’une pioche ou d’une barre à mine pour faciliter le développement des racines, si votre terre est lourde, mettre du vieux terreau au fond du trou.

Veiller à respecter les horizons du sol, sans les mélanger. La couche de terre de surface sera mise de côté et remise en dernier lors de la plantation. Si nécessaire, on peut faire des apports de sable pour “alléger” la zone de plantation (pas de sable de mer trop riche en sel).

 

L’habillage de l’arbre


C’est important d’avoir un équilibre entre la partie racinaire et la partie aérienne. 

Si l’arbre possède trop de branches par rapport à son système racinaire, la reprise de l’arbre au printemps sera impactée et cela risque d’affaiblir le jeune arbre (trop de feuilles qui transpirent par rapport aux capacité des racines à puiser l’eau). Veillez à choisir vos arbres avec de beaux systèmes racinaires !
Si nécessaire on taillera l’arbre avec un sécateur bien aiguisé et propre.
La taille des branches peut aussi se faire juste avant le débourrement du printemps, c’est-à-dire avant l’ouverture des bourgeons. Cela pour permettre une cicatrisation des tailles plus rapides. 

Si certaines racines sont cassées ou abîmées, les tailler également. La taille va stimuler la production de nouvelles racines.

Voici quelques bonnes marques de sécateur : Okatsune / Bacho / FelcoLes coupes doivent être propres et nettes pour faciliter la fermeture de la cicatrice.

 

Pralinage, une étape importante pour une reprise vigoureuse de l’arbre 

Pour les arbres en racines nues, afin de stimuler l’enracinement et de protéger leurs racines, on trempera les racines dans un mélange appelé « Pralin », c’est le moment du pralinage. Ce sera le moment préféré de vos enfants.

Il y a plusieurs manières de faire. Communément on mélange de la bouse de vache fraîche (riche en micro-organismes) avec de l’argile. La bouse de vache n’est pas indispensable. On peut utiliser un mélange de terre (ou d’argile) et de compost mûr, le tout brassé avec de l’eau pour obtenir une solution bien visqueuse qui colle aux racines.

Chez Terre & Humanisme, on utilise également un biostimulant qui aide la reprise des arbres, surtout sur sol pauvre ou abîmé : la Litière Forestière Fermentée (ou Lifofer). Cela va permettre aux jeunes arbres d’avoir un microbiote riche autour d’eux dès la plantation, et d’empêcher le développement de pathogènes (effet barrière). Ils pourront ainsi développer des symbioses rapidement avec les micro-organismes du sol.
On peut aussi rajouter de la poudre de basalte, qui permet un apport de minéraux facilement assimilable par l’arbre pour ses premières années de pousse.

 

Plantation 

Positionnez l’arbre dans le trou en veillant à ce que le collet ne soit jamais enterré. Le collet correspond à la limite entre la tige et les racines. C’est une formation tissulaire, comme un bourrelet, qui assure la jonction entre la tige (partie aérienne) et le système racinaire. Soyez vigilant également à ne pas enterrer la zone de greffage si c’est un arbre greffé. La greffe doit rester à l’air libre pour éviter les ambiances humides, sources de maladies.

Illustration par May Kobbi

Soyez vigilant, si le collet est enterré il peut pourrir ou faciliter l’entrée de potentiels pathogènes.  Les racines ne doivent pas rebiquer : elles sont dirigées vers le bas.

On va positionner un tuteurage léger si besoin, du côté du vent dominant, pour éviter que l’arbre vienne taper sur son tuteur. Le tuteur est à retirer durant la deuxième ou troisième année de plantation.
Le tuteur n’a pas vocation à rester, l’arbre doit pouvoir se maintenir seul et développer par lui-même ses capacités à résister aux intempéries.

Procéder au remplissage du trou avec la terre ameublie (c’est-à-dire décompactée). En respectant les horizons du sol.
Si le terrain est pauvre, mélanger la terre de surface avec du compost mûr (dans les 5 à 20 premiers centimètres, c’est-à-dire la partie aérobie du sol). Cela pour faciliter la croissance de l’arbre pendant ses premières années.
Attention à ne pas enfouir de la matière organique dans le fond du trou. Dans les années suivant la plantation, du compost peut être amené au-dessus du sol, mais pas en contact direct avec le tronc, pour permettre à l’air de circuler à la base du tronc.

Dans les territoires au climat chaud et sec, faites une cuvette plate autour de l’arbre : un bourrelet de terre haut d’une dizaine de centimètres. Si le terrain est en pente, réalisez une demi-lune. Elle servira à retenir l’eau de pluie.
Veillez à ce que l’intérieur de la cuvette soit le plus plat possible pour permettre un arrosage homogène.

Tassez légèrement, arrosez en apportant de l’eau en pluie fine (on dit aussi “plomber les racines »). On chassera ainsi les bulles d’air emprisonnées dans la terre.

Après la plantation, placez un paillis organique (Broyat/Paillage/Foin en couche assez épaisse), ou plantez un couvre sol peu compétitif.

Le paillis a plusieurs utilités :

  • Il évite la compétition avec les herbes sauvages (graminées), 
  • Il gardera le sol humide (maintien de l’humidité du sol par l’isolation du paillage),
  • Il protège le sol de l’érosion, du soleil etc.,
  • Il nourrit la vie du sol…

On peut aussi utiliser des couvertures de sols en chanvre/laine ou tout simplement du carton.

Durant les 2 premières années on ne laissera pas se développer d’herbes (graminées) autour de l’arbre. En effet, les graminées ont un système racinaire fasciculé qui rentre en forte compétition avec les jeunes arbres. Cependant des plantes couvre-sols peu compétitives sont possibles, comme le trèfle des prés qui de plus apportera de la fertilité au sol via sa capacité de fixation de l’azote atmosphérique.
Voici quelques exemples de plantes peu compétitives pour l’eau : Achillée millefeuille, Lotier corniculé, Trèfle des prés, Plantain lancéolé, Petite pimprenelle, Thym serpolet.

Les racines de ces plantes empêcheront le sol de se tasser et nourriront la vie du sol, même en hiver. L’activité biologique engendrée assure une bonne minéralisation des matières organiques au printemps, quand l’arbre débourre.
Quand l’arbre sera plus grand, l’enherbement sera le compagnon idéal de l’arbre : apports de matières organiques, nutrition des microbes du sol, gestion de la porosité du sol, protection des aléas climatique…

Point de vigilance : Ne jamais couvrir la base du tronc avec le mulch/paillage. Laisser un espace libre de paillage tout autour du tronc (10 cm minimum), pour éviter les risques de pourriture. Cela permet la circulation d’air à la base du tronc.

 

Après la plantation

Quelques conseils après plantation :

 

  • Garder un sol frais et humide durant les 2 premières années de la plantation.
    Privilégier un arrosage peu fréquent mais en grande quantité, pour favoriser un enracinement profond. Exemple: 40 litres par arbre toutes les 2 semaines en été, l’équivalent d’un bon orage.
  • Penser à faire un plan des arbres plantés et retirer les étiquettes en plastique, qui risquent à terme de gêner la pousse des branches par étranglement.
  • Pour favoriser la croissance de l’arbre, retirer les fruits durant les 2 premières années.
  • Protéger les jeunes arbres contre les canicules d’été qui peuvent faire craquer l’écorce : 
    • Toile de jute autour du tronc
    • Ombrager les jeunes arbres sensibles au fortes chaleurs (ex: l’Asiminier)
  • Protéger l’arbre face à la pression du gibier. Les chevreuils mangent l’écorce ou les jeunes pousses.
    • Manchons de protection, gaine TCP
    • Possibilité d’établir une clôture si la plantation concerne de nombreux arbres.


Matériel et matière nécessaire :

  • Bêches/pelles
  • Tuteurs et liens
  • Arrosoirs
  • Sécateurs de qualité et propres
  • Etiquettes et crayons
  • Manchons de protection
  • Compost mûr
  • Une couverture de sol type broyat, paille, foin, chanvre etc.

 

Pour aller plus loin :  

 

Rédacteur :  Arnaud Vens. Animateur Jardinier, Formateur en agroécologie.



Mise à jour : 23-10-2023
Sur la base d’un travail initial de May Kobbi

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