N’importe qui a ouvert un jour un tas de compost a pu s’émerveiller du grouillement de vie qu’il y a à l’intérieur. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg !

En effet seule la macrofaune est visible à l’œil nu (animaux de 2 à 20 mm). La mésofaune et la microfaune (inférieurs à 0,2 mm) ne sont visibles qu’à la loupe, voire au microscope. Tous ces petits animaux tissent des liens complexes d’interdépendance avec la microflore (les algues par exemple), les champignons et les populations microbiennes. Cette communauté, issue de la litière végétale (feuilles, écorces et petits bois-mort) ou vivants autour des racines, joue un rôle important de décomposeur, de recycleur des matières organiques végétales et animales.

Le type de matières organiques mises à composter (fumier pailleux en tas, restes de cuisine + cartons, paille, feuilles mortes, compost de toilettes sèches, ….) va influencer la communauté de microorganismes qui se développera dans le compost. Le compost qui a la plus grande diversité et nombre d’espèces est le compost de jardin où l’on trouvera une grande diversité de matières à composter.

 

Illustration par Daniel Cluzeau, Université de Rennes Crédits photographiques Bactéries : J.A. SullivanChampignons : C.Chenu ; C.Jacquot – INRA, Paris Protozaires :
Laurent PALKA MNHN Paris Nématodes : Thierry Mateille – IRD Montpellier Acariens gamasides : Sabine Dourlot – Université de Rennes 1Collembolles
Lepidocyrtus cyaneus : M.BlaiseEnchytréides : http://www.gardensafari.net/pics/slakken/enchytreaus_albidus_hsx_0537.jpgColéoptère bousier : Claude
Dopagne Myriapodes Geophyllus sp. : Jacques Pages (aelmh.free.fr/images/GeophyllusDSCN4607_MRW.jpg) Crustacé, cloporte, Philoscia muscorum :
M.PonsotVers de terre : Daniel Cluzeau – EcoBio Université de Rennes 1 — Université de Rennes, CC BY-SA 4.0, 

 

Dans les composts en andain ou en tas érigé d’un coup, bien mouillés et aérés, et protégé des intempéries, la température du compost s’accroît rapidement jusqu’à environ 60°C, signe d’une intense activité biologique. Ce sont les composts les plus rapides (3 à 4 mois). L’énorme biomasse bactérienne et fongique décompose rapidement les matières organiques. La compétition pour les nutriments est telle que les microbes pathogènes sont détruits (mangés) lors de la fermentation du compost. C’est pourquoi ce compost est assainissant, contrairement aux fumiers ou tas de végétaux laissés à eux-mêmes, mal décomposés.

Les composts à accumulation plus lente chauffent moins et durent plus longtemps : de 6 (compost domestique) à 18 mois (broyat ligneux)

La variation de température au cœur du compost induit une succession de populations microbiennes mésophiles (en dessous de 40°C), puis thermophiles et de nouveau mésophiles. Les bactéries dégradent d’abord les matières les facilement biodégradables (sucres, lipides, protides, …. « le vert du compost »), source d’énergie lors de la montée en température ; puis s’attaquent à des substances plus difficiles à dégrader comme la cellulose, la chitine (substance durcissante de la carapace d’insectes), les polyphénols, …. lors du refroidissement C’est à ce stade qu’interviennent les actinomycètes, bactéries filamenteuses qui donnent l’odeur typique du compost.

A noter que seuls les champignons peuvent décomposer et se nourrir de lignine (fibres de soutien des plantes, bois pour les arbres) rendant ainsi disponibles les nutriments contenus dans les cellules pour les autres microorganismes.

En général, ce sont les collemboles, les cloportes et le myriapodes (millepattes) les plus faciles à observer. Ces membres de la macrofaune morcellent les matières en petits morceaux en se nourrissant, ceux de la mésofaune découperont ceux-ci en débris de plus en plus petits.

La microfaune prend la suite et il serait fastidieux de faire ici la liste complète et d’essayer de détailler les rôles de chacun. Le compost contient environ plus de mille espèces de bactéries, des dizaines de milliers d’espèces de champignons et des milliers d’espèces d’actinomycètes, d’algues, de protozoaires qui se nourrissent de bactéries et régulent les populations bactériennes, de protozoaires (rôle mal connu) et de cyanophycées (procaryote proche des bactéries, fixatrices d’azote).

Après ces phases de dégradation, les microbes réorganisent la matière en grumeaux épais et gras (ils gèrent l’humidité et l’aération de leur milieu comme dans un sol vivant, grumeleux). C’est à ce stade de maturation qu’interviennent les vers de fumier (Eisena foetida). Ce compost peut alors être mis au sol à l’automne, il est riche en énergie et s’humifiera facilement en se liant à la matière minérale du sol, préparant ainsi un sol fertile pour le printemps.

Laissé en tas, les vers le quitteront peu à peu. Le compost sera alors mûr et prêt à être utilisé directement en début de culture fin d’hiver, début de printemps et fin d’été, début d’automne.

 

Vers du compost :

Photo : Par Mihai Duguleana; — Transféré de en.wikipedia à Commons., Domaine public,
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2804913

Les collemboles, petits invertébrés :

Photo : Par U. Burkhardt — Taken and uploaded on de:WP the 01/06/2006 by de:Benutzer:Onychiurus, CC BY-SA 3.0,
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=793827

Les myriapodes :

Photos : Animalparty (collage), https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34615012

Les cloportes (crustacés) :

photo : Par Franco Folini — San Francisco, California, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=789616

 

Les diploures, autres invertébrés :

 

 

Les protoures, autres petits invertébrés 

Par Gregor nidar – Protura, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6263029

Parfois certains squatteurs plus gros nichent dans le compost : des limaces se régalant de végétaux encore verts en décomposition, des musaraignes ou des orvets se régalant de limaces ou de gros vers blancs se nourrissant de bois. Attention, ce ne sont pas des larves de hannetons (ceux-ci ne se nourrissent que de racines vivantes), mais des larves de cétoines ou de lucanes qui dévorent les morceaux de bois bruts.

Les orvets sont fragiles. N’essayez pas de les saisir vous pourriez le casser. Poussez le délicatement, il ira se cacher ailleurs.

Par F Lamiot  — F lamiot,, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1518830

 

Les musaraignes, rongeurs reconnaissables à leur museau pointu.

Par Sorex-araneus.jpg ; https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9655789

 

Les larves de hannetons (en haut) et de cétoines (en bas) se ressemblent. Leur taille peut être identique, mais la larve de cétoine est plus claire, a la tête et les pattes plus petites et le bas du corps plus renflé

Par Isabelle Diana, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1744292

 

Le hanneton peut faire de gros dégâts dans les cultures

https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1474577

 

Les cétoines :

Par Pom²  https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3981052

 

Les lucanes : 

1 Par Didier Descouens — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=25218134
2 https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1725188

Article de Valo Dantinne, jardinier formateur et auteur du livre Manuel de la litière forestière fermentée – La boutique de Terre & Humanisme (terre-humanisme.org)

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