Le jardin-forêt : notions de base à connaître

15 Juil 2025 | 0 commentaires

Le jardin-forêt ou forêt gourmande

Qu’on l’appelle forêt gourmande, forêt comestible, forêt nourricière ou jardin-forêt, ce concept d’écosystème diversifié a le vent en poupe. Les jardins forêts sont des écosystèmes productifs qui valorisent la succession végétale naturelle. En effet, de plus en plus de jardiniers se rendent compte que leur potager a besoin d’ombrage l’été, surtout pendant les coups de chaleur et les canicules. Mais aussi, les arbres et haies bien placés peuvent protéger les plantes sensibles aux vents froids. Dans un milieu arboré, les gelées sont aussi moins sévères. De plus, les arbres peuvent être un complément de nourriture pour la famille : fruits, baies, feuilles en tisane, ….

Notons que les paysans parleront plutôt d’agroforesterie. La différence réside dans une conception de l’espace différente : en agroforesterie, les arbres de même espèce sont regroupés pour les récoltes en alignement autour des cultures. Tandis que dans les jardins, on s’autorise beaucoup de liberté dans l’aménagement de l’espace et le choix des espèces.

En plus de l’ombrage et des récoltes, la présence d’arbres et de haies favorise la biodiversité en insectes, oiseaux et petits mammifères en leur offrant gîte et couvert. Ces animaux, appelés aussi auxiliaires, rendent de nombreux services aux jardiniers en dévorant les insectes qui s’attaquent aux cultures.

Les racines profondes des arbres alimentent la microflore et la microfaune du sol, et participent au développement du réseau mycorhizien. La biomasse et la biodiversité  microbienne enrichissent l’écosystème du jardin. La microfaune transporte bactéries et spores de champignons dans les planches cultivées rendant le sol plus fertile.

Les tailles des arbres et arbustes fournissent aussi une biomasse à composter ou à transformer en BRF, matières organiques fertiles pour le jardin.

Que d’avantages à planter arbres et arbustes au jardin !

 

 

Un concept résilient qui n’est pas nouveau

Les hommes préhistoriques, lors de leur transhumance, repéraient déjà les arbres qui leur procuraient nourriture, plantes médicinales ou bois d’œuvre. Ils les protégeaient de la concurrence des autres végétaux pour les retrouver lorsqu’ils repassaient aux environs.

Avant le remembrement du vingtième siècle, champs et prés étaient entourés de haies, produisant biomasse, fruits, baies et plantes aromatiques et médicinales.

Nous redécouvrons aujourd’hui seulement des savoirs presque perdus.

 

 

Précautions à prendre lors de l’élaboration d’un jardin-forêt

Les salades, tomates et autres légumes ne poussent pas au pied des arbres. Le sol ne doit pas être travaillé près du tronc des arbres pour ne pas abîmer les racines. Les légumes plantés trop près du tronc ne résistent pas à la concurrence racinaire.

Le jardin sera conçu en différentes strates ou étages :

  • les arbres les plus grands créeront des zones d’ombre et de lumière (plutôt que de devoir créer des ombrières),
  • les arbustes (champêtres ou petits fruits) constitueront des zones plus ou moins touffues, abris pour la faune sauvage
  • les lianes et plantes grimpantes
  • les couvre-sols protégeront le sol du soleil, du vent, des gelées et des impacts des grosses gouttes de pluies ou des grêles.

En associant ces différents végétaux et en les plantant parfois densément, parfois espacés, on créera dans l’espace des clairières, des lisières, des chemins, des taillis denses et d’autres plus aérés. Cela créera un écosystème où chaque végétal pourra trouver sa place : des plus frileux aux plus sensibles à la chaleur, des plus gourmands aux plus sobres en eau. Le potager y trouvera sa place mais en faisant attention aux besoins des différents légumes.

Il est ainsi possible de créer une oasis de biodiversité assez résistante aux gros aléas climatiques. Même si certains dégâts dus aux grêles, sécheresses et coups de chaud se produisent, ils seront atténués par l’écosystème mis en place et la plupart des végétaux se remettront assez rapidement du stress. C’est ce qu’on appelle la résilience.

Il n’y a pas de jardin-forêt type. A chacun de se créer le sien en s’appuyant sur les caractéristiques du lieu : zones sèches et humides, zones ensoleillées et zones d’ombre, sol fertile et sol caillouteux, différents reliefs…

Vous n’avez plus qu’à créer votre propre oasis à votre image.

 

Illustration : © Association Française d’Agroforesterie – Renaud Lecomte

 

Article rédigé par Valo Dantinne, jardinier-formateur chez Terre & Humanisme

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