Nous faisons de l’eau l’une de nos priorités en l’intégrant dans notre réflexion comme point central car en effet, elle est l’une des premières clés de fertilité des sols.
La microflore et la microfaune du sol ont besoin d’une humidité suffisante et régulière et la plupart de nos légumes ont besoin d’eau.
Origine
Le terme maraîchage est né dans les marais. Il servait à désigner l’activité des jardiniers qui cultivaient, autour de Paris, des jardins potagers en général situés sur des marais, d’où la présence constante d’eau.
Saisonnalité
Rares sont les années ou d’avril à septembre la fréquence des pluies est assez régulière pour satisfaire les besoins des plantes.
En période estivale l’évapotranspiration est à son maximum. Il correspond à la quantité d’eau d’évaporation à la surface du sol et à la transpiration des plantes. L’arrosage consiste à compenser cette quantité d’eau perdue dans l’atmosphère. L’évapotranspiration est très variable en fonction des régions et dépend des conditions climatiques (vent, ensoleillement, humidité de l’air) et de la couverture du sol. Lors d’un été sec, la pluie ne restitue au sol, au mieux, que 10 à 30 % de l’eau perdue par l’évaporation et la transpiration des plantes.
Disponibilité
La réserve utile en eau d’un sol est la quantité d’eau que le sol peut absorber et restituer à la plante, elle varie énormément selon le type de sol: elle peut être de ⅓ en sol sableux et de ⅔ en sol argileux. Parfois le réserve s’épuise jusqu’à avoisiner zéro au moment où la plupart des cultures sont en pleine croissance. Par exemple, un pied de tomate en production exposée au soleil et au vent peut consommer jusqu’à 4 litres d’eau par jour. Cette eau ne peut être restituée que par l’arrosage.
Quand la quantité d’eau transpirée est supérieure à celle absorbée, la plante connaît un déficit hydrique. Elle va réduire le phénomène de transpiration en réduisant sa surface d’échange avec l’air et sa photosynthèse, compromettant ainsi sa croissance, la plante finira de faner en cas de déficit prolongé.
Compter sur l’eau potable pour arroser son jardin devient de plus en plus déraisonnable à la fois économiquement mais surtout écologiquement. Il est alors primordial de gérer au mieux l’eau.
La cuve au Mas de Beaulieu pour récupérer l’eau de pluie
Il existe de nombreuses techniques agroécologiques pour stocker, préserver et donc économiser l’eau :
- Pour maintenir une ambiance fraîche, associer des plantes de différentes hauteurs sur le modèle des strates de végétation dans la nature : des plantes hautes, des moyens et des couvrent sol où placer des ombrières sur vos zones de culture (parasol, cagettes retournées, structure plus pérenne comme une pergola…)
- Améliorer son sol en l’amendant avec du compost, des engrais verts…En effet une bonne structure de sol permet une meilleure rétention en eau.
- Couvrir son sol pratiquement en permanence, sauf éventuellement à la fin de l’hiver pour qu’il se réchauffe plus vite. Cela va permettre de garder davantage l’humidité.
N’oublions pas que la meilleure façon d’économiser l’eau c’est de la garder un maximum dans les sols !
- Semer ou planter des espèces les plus appropriées à résister à la sécheresse ou la chaleur selon l’endroit où l’on vit.
Quelle quantité d’eau pour un bon arrosage ?
On dit qu’un bon arrosage c’est 10l eau par m² c’est-à-dire un arrosoir entier ! Il peut être utile d’arroser même quand il a plu, seules les pluies de plus de 10 mm sont réellement efficaces et peuvent permettre de moins arroser dans les jours suivants.
Les orages peuvent amener des pluies excessives ne laissant pas de temps au sol d’absorber cette eau en trop grande quantité et au contraire les pluies trop faibles sont insuffisantes, l’eau s’évapore avant même d’atteindre les racines des plantes.
Mais la quantité d’eau dépend aussi de la capacité de votre sol à la stocker. On arrose plus souvent mais en moindre quantité un sol sableux alors qu’un sol argileux qui retient davantage l’eau sera arrosé moins souvent mais plus abondamment.
Je vous conseille d’avoir un pluviomètre, cela permet de prendre conscience de la quantité d’eau réellement tombée.
Quelques signes simples nous permettent de voir si notre sol a besoin ou non d’un arrosage :
✅ Les bons signes : terre humide et fraiche, couleur virant sur le noir, et un peu collante.
❌ Les mauvais signes : terre poussiéreuse, sol fendillé, plantes molles, flétries.
On arrosera en priorité le potager, la partie la plus exigeante en eau du jardin. Les légumes en période de croissance et de formation des fruits absorbent de 5 à 6 litres par m2 par jour quand il fait chaud !
Vous aurez besoin surtout d’arroser les jeunes plants tout juste plantés ou les semis au début (les 2 à 3 1er cm sol doivent être humides). Une fois les plants bien installés, vous pourrez espacer les arrosages dans le temps.
Quel est le meilleur moment pour arroser ?
Il faut essayer d’anticiper quand une plante à soif. Le mieux c’est de mettre les mains dans les quelques centimètres sous le paillage pour se rendre compte de la présence ou non d’humidité.
L’habitude et l’expérience seront de bons indicateurs.
On n’arrose pas pendant les heures ensoleillées car l’eau s’évapore aussi vite. Le faire donc de préférence le matin ou le soir. L’avantage du soir, c’est que la plante prend le temps de garder l’eau, il y a donc moins d’évaporation. Le matin est aussi un bon moment, les plantes sont refroidies par la fraîcheur de la nuit, il y aura moins d’écart de températures et moins de risque de propagation de maladies.
Avec quelle eau ?
Contrairement à celle du réseau, l’eau de pluie n’est ni calcaire, ni chlorée, ni trop froide, qualité appréciée des plantes du jardin. Elle a de plus l’immense avantage d’être gratuite.
Les différents systèmes d’arrosage :
De nombreuses plantes potagères sont victimes de maladies cryptogamiques comme le mildiou qui se développent à cause d’un excès d’humidité et un climat chaud. Il est important de ne pas arroser les tiges et le feuillage, et de vous concentrer sur le pied. Pour cela, retirez la pomme de l’arrosoir et visez le pied de la plante. L’arrosage à l’arrosoir est intéressant car il permet de contrôler la quantité d’eau que l’on met au pied des plants et de se rendre compte du volume d’eau que l’on a besoin pour faire un jardin.
L’idéal étant d’installer un système de goutte à goutte, qui satisfera les besoins en eau, avec la plus grande précision et qui permet une belle économie. Important par contre, il faut toujours le positionner sous le paillage.
Système de goutte à goutte puis de micro-suintant dans les jardins pédagogiques de Terre & Humanisme
Une autre technique dont on entend de plus en plus parler se sont les oyas : ce sont des poteries poreuses en terre cuite qui sont enterrées dans le sol et qui permettent à l’eau de s’écouler lentement dans le sol, à la demande des plantes. À vous de ne pas oublier de la remplir de temps en temps. L’inconvénient c’est que les oyas couvrent une petite surface, il en faudra plusieurs. Je vous conseille dans ce cas de les privilégier plutôt dans des zones de plantes vivaces plutôt que pour le potager.
L’eau est précieuse, ne l’oubliez pas !
Bérengère Roche, animatrice et formatrice en agroécologie pour Terre & Humanisme
Pour en savoir plus, venez en formation dans nos jardins pédagogiques pour Optimiser la ressource en eau au jardin – Formation en agroécologie (terre-humanisme.org)