La famille des Cucurbitacées est très appréciée au jardin, on y trouve par exemple la courge Butternut, la courgette Verte de Milan, le concombre Le Généreux, la pastèque Sugar Baby, le potimarron Red Kuri, le Melon Charentais etc.
En cuisinant tous ces légumes, on est souvent tenté de récupérer les graines pour les semer au jardin la saison suivante, cependant il y a quelques notions à avoir en tête pour ne pas s’emmêler les pinceaux ! En effet des hybridations sont possibles au sein de votre jardin ou même avec vos voisins jardinier.ère.s (selon la distance que parcourent les pollinisateurs, soit plusieurs centaines de mètres).
Un peu de botanique pour commencer. Les noms communs de ces légumes cachent leur carte d’identité.
Prenons le cas de la courge Sucrine du Berry :
- Famille : Cucurbitacée
- Genre : Cucurbita
- Espèce : Moschata
- Variété : Sucrine du Berry
Son nom botanique complet est donc “Cucurbitacée Cucurbita Moschata Sucrine du Berry”
Dans la famille des Cucurbitacées, c’est seulement au sein de chaque espèce que deux variétés sont susceptibles de s’hybrider. Ainsi les espèces d’un même genre ou de genres différents ne se croisent pas entre elles.
Pour éviter les croisements au jardin on pourra donc cultiver une variété de chaque espèce.
Par exemple, la même année je peux cultiver sans risque de croisement les variétés suivantes :
- Des courges Musquée de Provence (Genre Cucurbita,espèce Moschata
- Des courges Potimarron Red Kuri (Genre Cucurbita, espèce Maxima)
- Des melons Charentais (Genre Cucumis, espèce Melo
- Des pastèques Sugar Baby (Genre Citrullus, espèce Lanatus
- Des courgettes Jaunes (Genre Cucurbita, espèce Pepo
- Des concombres Le Généreux (Genre Cucumis, espèce Sativus
A contrario, si je plante au jardin plusieurs courges de l’espèce Maxima, il y a fort à parier qu’elles s’hybrident ! En l’occurrence une courge Bleu de Hongrie (Cucurbita Maxima) peut tout à fait se croiser avec un potimarron Red Curry (Cucurbita Maxima).
A savoir : l’hybridation ne se voit pas sur le fruit, c’est la génération suivante qui portera des nouveaux caractères. Le croisement entre 2 variétés comestibles n’engendre pas de risque.
Chez les courges, la même plante porte à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles, on dit que les courges sont monoïques. Les fleurs femelles sont facilement reconnaissables. Elles portent, avant même l’ouverture de la fleur, un ovaire (futur fruit) situé à sa base (qui ressemble à un petit concombre, melon, ou courgette en fonction de la culture). Si la fleur femelle n’est pas visitée par un pollinisateur, alors le fruit avorte.
Attention au concombre Arménien ! Son nom est trompeur car ce n’est pas un concombre mais un melon ! En effet, il est du genre Cucumis, mais de l’espèce Melo
(comme les melons), alors que les concombres sont de l’espèce Sativus. Ainsi le concombre arménien peut s’hybrider avec le melon Charentais (Cucumis Melo)… à en perdre la tête !
La semence
Il faut attendre que le fruit soit à maturité complète pour récolter les semences ; un signe qui ne trompe pas est le dessèchement du pédoncule, qui correspond à la petite tige qui relie le fruit à la plante (il brunit à maturité du fruit). C’est important que la plante ait pu réaliser son cycle complet pour obtenir une semence de qualité.
Après la récolte, les courges se conservent dans une pièce sombre (à l’abri de la lumière) et sèche, autour de 15°C. Attention l’humidité ou le froid feront moisir vos courges. Dans de bonnes conditions, elles se conservent facilement une dizaine de mois.
Pour conserver les caractéristiques de la variété et éviter une dégénérescence génétique sur le long terme, il est préconisé de sélectionner les meilleurs fruits sur un minimum de 20 porte-graines.
Les semences ont une durée de vie d’environ 4 ans, au-delà la levée de dormance sera médiocre.
Extraction de la semence
Ouvrir la courge en deux avec un couteau ou une hache pour en extraire les graines à l’aide d’une grosse cuillère. Pour les gros fruits, un couteau à pain vous facilitera la découpe.
Si les graines sont fortement liées à la pulpe du fruit, on peut ajouter une étape de fermentation pour faciliter le nettoyage des graines. Laissez 24h la pulpe avec les graines dans de l’eau froide pour faciliter le décollement des fibres de la graine. Attention cela peut nuire à la qualité germinative des graines !
Ensuite égouttez les graines et séchez-les, mais pas trop rapidement (jamais au soleil) :
- Égoutter et étaler les semences sur du papier ou un tissu,
- Placer les graine sur un tamis dans un endroit sec, à l’ombre et ventilé,
- Brasser plusieurs fois par jour,
- Les graines sont sèches lorsqu’elles sont cassantes, la pellicule transparente qui recouvre la graine commence à se détacher.
Enfin mettre en sachet les semences, plutôt dans un contenant en papier, n’oubliez pas d’indiquer le maximum d’information sur vos sachets (Lieu, date, nombres de porte-graines etc.).
Pollinisation manuelle
Par sécurité, ou si les distances ne peuvent pas être respectées, la pollinisation manuelle peut être utilisée. La veille, les fleurs femelles et mâles prêtes à s’ouvrir sont nouées avec un élastique ou une pince à linge. Dès le lever du soleil, couper la fleur mâle puis frotter son pollen sur le pistil d’une fleur femelle, enfin refermer les pétales de la fleur femelle. Pour éviter que votre fécondation manuelle ne soit concurrencée par un pollinisateur, la fleur femelle doit être bien hermétique, vous pouvez aussi utiliser un sac en papier fermé à la base.
Notre conseil du moment :
Testée et approuvée sur notre ferme agroécologique de la Noria, voici une variété de courges à découvrir : La courge Zapalitto (Cucurbita Maxima). C’est une courge qui se récolte au stade jeune, comme une courgette. Cette variété offre des petits fruits ronds verts d’une douzaine de centimètres. La peau est comestible et renferme une chair fine, de couleur verte et orange clair.
Ci-dessous des photos de Zapalittos prises sur notre ferme :
Courges et climat chaud
Enfin, voici un dernier conseil pour les jardinier.ère.s, des climats chauds et secs, ou qui craignent particulièrement les épisodes caniculaires. Les courges n’apprécient pas les pics de chaleur, ni les longues périodes de sécheresses, au cœur de l’été de l’ombrage leur est bénéfique (voir les photos ci-dessous). Je vous conseille également de privilégier le genre Moschata, plus adapté aux fortes chaleurs.
Voici notre jardinier, Fred, en train d’installer une ombrière le 15 juin 2023 au-dessus d’une planche de courge. Elle a été retirée fin août, à la suite de la dernière canicule.
Quelques liens utiles :
- Un livre pour devenir un pro dans la production des semences : “Produire ses graines bio – Légumes, fleurs et aromatiques”, Christian Boué, éditions Terre Vivante
- Le livre “Semences” de Kokopelli. Vous y trouverez plus de 600 variétés de tomates, 400 variétés de piments doux et forts, plus de 50 variétés d’aubergines, 250 variétés de courges, 80 variétés de melons, 130 variétés de laitues et beaucoup d’autres plantes potagères…
- Pour se faire plaisir et découvrir l’une des innombrables variétés de courge, rdv sur le site de kokopelli : https://kokopelli-semences.fr/
- Pour trouver un bon semencier proche de chez vous : rdv sur le site du Réseau Semences Paysannes https://www.semencespaysannes.org/
Arnaud Vens, Formateur en agroécologie
bonjour Arnaud, dans mon expérience je n’ai pas vérifier la même chose et il me semble qu’il peut y avoir croisement entre différents genre…..à une certaine époque , dans notre production hyper variée nous cultivions une trentaine de cucus différentes ( surtout, pepo, maxima, moschata , lagenaria, colocynthis). nous avions évidemment beaucoup de croisements en tous sens, et tant que cela restaient entre comestibles cela passait (pour nous pas à la vente), le pire étaient le croisement avec coloquintes (colocynthis) qui est non comestible , purgative et très amer donc on s’en aperçoit. Il me semble qu’il n’y a que le genre lagenaria (callebasse) qui ne se croise pas avec les autres…..à vérifier…
Bonjour Claire, merci pour ce retour !
Les croisements entre genre sont possibles effectivement, mais très rare. La nature est pleine de surprise. C’est pour cette raison que ne j’ai pas abordé ce sujet, pour ne pas emmêler le lecteur.
J’indique uniquement que le croisement entre 2 courges comestibles produit une nouvelle variété comestible (en année n+1), sous entendu “vous ne cultivez pas de colocynthis” :). Mais c’est vrai qui j’aurais pu faire un paragraphe spécifique sur ce genre toxique. Cela me donne une idée pour un autre article du coup ! Belle journée, Arnaud.