Réussir ses semis en pépinière
C’est en ce moment la pleine période pour faire vos propres plants de légumes.
Les épinards et choux raves bientôt prêts à être plantés dans la serre
Les semis ne sont pas toujours facile à réussir, voilà donc quelques astuces qui pourront vous aider !
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un semis en pépinière?
Le semis en pépinière permet de faire germer ses graines dans des conditions favorables et préservées, en attendant que les plants soient suffisamment développés pour les repiquer en pleine terre. C’est un peu comme une nurserie ou une pouponnière que l’on visite régulièrement pour avoir un vrai suivi des petits plants fragiles.
La pépinière doit être installée dans un endroit bien exposé et abrité, par exemple dans un bac sous une vitre, en intérieur derrière une fenêtre, sous une serre, dans une couche chaude (voir plus loin)… Les conditions climatiques (pluies, vents, températures…) y sont plus favorables, ce qui assure aux plants un bon début de croissance.
Les semis fait au mois de janvier et gardés en couche chaude
Les principales conditions de réussite :
> Un des paramètres les plus importants est la température : la vitesse de germination dépend de la température dont ont besoin les plants, la température moyenne est souvent autour de 18°c mais attention, certaines graines comme les aubergines ou poivrons ont besoin de plus avec une chaleur assez constante.
Avec une température minimale, la graine va germer mais être plus hésitante, mettre plus de temps que sous une température optimale.
Les semis éclairés naturellement, par exemple placés près d’une fenêtre qui est souvent plus fraîche que le reste de la pièce durant la nuit, peuvent germer lentement ou difficilement, ou même pourrir à cause d’une température nocturne trop fraîche. Si c’est le cas, vous pourriez les placer sur un tapis chauffant, qui maintient une température égale durant toute la germination.
Chez Terre & Humanisme nous avons la chance d’avoir depuis 3 ans une couche chaude électrique faite maison. C’est un caisson en bois isolé à l’intérieur par une couverture de survie, au fond se trouve un câble chauffant recouvert de sable très fin et des vitres sur le dessus. Le tout est raccordé à un petit programmateur qui est réglé à une température minimale. Ce type de système permet d’éviter à certaines graines et plantules de passer par des trop grosses variations de température. Nous l’utilisons principalement pour les plus sensibles : aubergines et poivrons ainsi que pour commencer nos boutures de patates douces.
Notre couche chaude électrique faite “maison”
Une autre solution est d’avoir une couche chaude dite “organique”, qui était l’un des piliers de la production maraîchère au cours du 19ème siècle à Paris. Cette couche est similaire à une lasagne avec du fumier frais de cheval et de la matière carbonée comme de la paille, qui sont mis en couches. L’activité des bactéries qui décomposent le fumier va libérer de la chaleur, ce qui permet de maintenir une température idéale pour les semis durant 40 jours environ (après le « coup de feu »).
Le mieux reste de faire une couche chaude sous serre, comme ici pour nous, cela permet une meilleure conservation de la chaleur mais aussi une meilleure gestion des risques de lessivage. La chaleur dégagée va créer un microclimat favorable à l’ensemble de la serre.
On peut aussi faire germer les rares graines qui préfèrent des températures fraîches, comme l’épinard et certaines vivaces de sous-bois, dans un sous-sol frais ou un garage chauffé.
Voici un tableau avec quelques exemples de températures idéales selon les légumes :
légumes | Temp° optimale germination |
aubergines | 28 |
blette | 25 |
concombre | 30 |
courge/courgette | 25 |
épinard | 15 |
tomate | 25 |
poivron | 25 |
L’eau aussi est la deuxième condition indispensable. En son absence, la graine reste sèche et peut être conservée longtemps sans changer d’état. La 1ère phase de germination est un gonflement qui est dû à l’imbibition de la graine. Elle doit absorber 3 fois son volume d’eau pour germer, une fois le processus lancé, il ne doit pas s’arrêter.
On doit avoir un semis humide, comme une éponge essorée. La fréquence d’arrosage dépend de votre contexte, il faut mieux vérifier avant de vouloir arroser : en cas de surplus, les racines peuvent pourrir et si le terreau est trop humide (”noyé”), la graine s’asphyxie et meurt.
À l’inverse, une graine ayant germé puis se trouvant entourée de terreau sec pendant trop longtemps va faner sa jeune pousse et sa racine, dessécher puis mourir très vite. Cette situation se produit lorsque le jardinier – trop distrait ou à la suite d’une absence trop longue – n’a pas assuré les arrosages réguliers. Ces alternances sécheresse/ humidité peuvent aussi entraîner la fonte des semis (maladie fongique entraînant le pourrissement des jeunes pousses).
L’idéal est d’arroser après vérification manuelle du substrat, avec une eau à température ambiante, si possible par capillarité (de l’eau versée sur une hauteur d’un 1/2 cm, au fond d’une coupe, dans laquelle ont été disposés des godets par exemple). Ce système diminue les attaques de champignons. Il est aussi possible de pratiquer des bassinages afin d’augmenter le taux d’humidité de l’air s’il est trop sec. Attention à ne pas arroser à gros jets mais en pluie fine avec un pommeau ou un spray.
Arrosage des semis au pommeau ou au spray
La qualité du substrat est la troisième condition de réussite de vos semis. Le substrat c’est le support de culture, ici du terreau. Il n’a pas besoin d’être particulièrement riche car les graines utilisent leurs propres réserves nutritives dans un premier temps. Mais ce substrat doit impérativement être léger pour permettre aux fines racines de se développer et drainant pour éviter l’excès d’eau.
Le terreau est un support de culture plus ou moins fin selon s’il est utilisé pour des semis ou pour du rempotage. Il doit être aussi neutre et stable, et ne pas contenir d’autres graines. Sa principale qualité recherchée est de retenir l’eau pour que les graines puissent bien germer.
Vous pouvez évidemment faire vous-même votre terreau mais la difficulté réside dans le temps de décomposition lent et le fait qu’on arrive plus difficilement à le rendre stérile. Évitez si possible la présence de graines non désirées dans le terreau, elles risqueraient de pousser en même temps que votre plantule.
La lumière est la dernière condition clé, elle est surtout essentielle une fois que la graine a germé. Il faut en moyenne 9 à 10h de lumière par jour pour des conditions optimales.
Plus les graines sont fines, plus elles ont besoin de lumière car elles ont d’autant moins de réserves de nourriture. Souvent, on recommande de ne pas les couvrir de terreau à l’ensemencement, mais de seulement les presser dans le terreau humide.
La plupart des autres graines germent avec ou sans exposition à la lumière. Donc, logiquement, vous pouvez les placer dans un endroit peu ou pas éclairé au début, puis les exposer à la lumière seulement à la germination.
La luminosité est surtout fondamentale quand les premières feuilles sont sorties afin d’éviter l’étiolement (quand les tiges filent en hauteur, sont maigres et se penchent vers la source de lumière).
Et après la germination ?
Trop d’humidité n’est plus nécessaire ; elle est même néfaste. Les plants germés ont plutôt besoin d’une bonne aération, ce qui aide notamment à prévenir la fonte des semis.
Le petit surplus de chaleur du début n’est plus aussi bénéfique à ce stade. Aussi curieux que cela puisse paraître, bien que la majorité des graines germent mieux à la chaleur, les semis qu’elles produisent aiment mieux la fraîcheur, du moins durant la nuit. Calculez qu’une température diurne de 18 à 21 °C conviendra à la plupart des semis, alors que la température nocturne pourrait baisser d’encore quelques degrés, même jusqu’à 12 °C. Les légumes-feuilles et les légumes-racines (chou, laitue, oignon, etc.) préfèrent encore plus de fraîcheur : moins de 18 °C le jour et jusqu’à 5 °C la nuit. Mais il faut toujours faire attention à la famille des solanacées, surtout les aubergines et poivrons qui eux préfèrent rester au chaud !
Exposez les plants à un maximum de lumière en les plaçant là où il y a le maximum de luminosité pour les renforcer.
Voilà, vous avez les quelques conditions favorables qui vous aideront à la bonne germination de vos graines, alors c’est parti !
Le petit truc en plus :
Les semences de betterave, de même que celles de la blette, sont un peu particulières : elles constituent en fait un agglomérat de graines (appelé glomérule), qui donne naissance à plusieurs plantules. C’est pourquoi, lorsque celles-ci ont quelques centimètres de hauteur, il faut les « démarier », c’est-à-dire ne conserver qu’un seul plant par glomérule.
Le persil n’est pas un semis facile à réussir car il est long, il faut parfois attendre 3 semaines avant de voir les 1ères pousses ! Je vous conseille de faire tremper les graines entre 12 et 24h la veille dans de l’eau puis de les mettre à sécher sur du papier journal quelques heures avant de faire le semis. Cette technique permet de faciliter la germination car la graine s’est déjà gorgée d’eau et commence alors son processus de germination.
Bons semis à vous 🙂
Autrice : Bérengère Roche, animatrice et formatrice chez Terre & Humanisme