Cette semaine plongeons la tête la première dans une botte de paille ! Attention, ça risque de piquer un peu 😊. Utilisé de façon quasi-systématique dans les jardins en permaculture, le paillage s’impose comme une des pratiques agroécologiques les plus démocratisées. A noter qu’il est tout à fait possible de couvrir le sol avec d’autres matériaux (on parle alors de “mulch”).
Les vertus du paillage : moins de maladies, moins de ravageurs, un sol protégé, d’importantes économies d’eau, moins d’herbes non désirées.
Le paillage : une pratique bénéfique, économique, locale et écologique !
Pourquoi couvrir son sol avec des paillis?
- Pour économiser l’eau, en priorité. Dès que la température de l’air est supérieure à celle du sol, l’eau s’évapore. Plus la surface de votre jardin est grande, plus il y a de vent, plus le taux d’humidité de l’air est faible, plus l’évaporation est forte. Rappelons-nous que les plantes transpirent par la face inférieure de leurs feuilles.
- Pour limiter les adventices : on empêche ainsi les herbes non désirées de germer par manque de lumière.
- Pour éviter les maladies : on maintient une atmosphère plus sèche autour des légumes et on limite la propagation des spores de champignons pathogènes. On limite par exemple la propagation du mildiou sur les solanacées ( pommes de terre, tomates, aubergines).
- Pour éloigner certains ravageurs : le paillage crée un écosystème favorable aux prédateurs de certains ravageurs.
- Pour protéger la surface du sol : le paillage évite la surchauffe, le vent, le gel, en maintenant une température plus douce et une humidité constante près de la surface. Le paillis ombre la surface du sol, limite le dessèchement et laisse circuler l’air (à 10-20 cm d’épaisseur).
- Pour nourrir les êtres vivants du sol : les paillages fins, comme des herbes fraîches en couche mince de 2 cm sont consommés par la faune du sol.
Exemples de différents couverts végétaux :
- La paille : disponible toute l’année, à conserver en abri, est universelle car elle se dégrade au bout d’une année d’utilisation.
- Les herbes sèches : disponibles au printemps et à l’été, elles sont plus faciles à poser que la paille, et se dégradent plus vite. Attention à ne pas trop les tasser à la base du paillis au risque de limiter l’aération de votre sol.
- Herbes vertes : disponibles au printemps, elles constituent un meilleur paillis que les tontes de gazon car elles ne prennent pas en masse. Elles sèchent rapidement une fois posées et constituent un paillage nutritif pour la faune du sol.
- Les écorces : paillages de longues durée, elles sont parfaites au pied des arbustes ou des rosiers.
- Les feuilles : elles constituent la façon naturelle de couvrir un sol en forêt et protègent les premiers centimètres de sol de l’érosion, nourrissent les verres de terre et bactéries du sol. Attention cependant, certaines aiguilles de résineux peuvent acidifier le sol.
- Les feuilles d’orties : elles constituent un paillage nutritif, mais sont à manipuler avec précaution ( ça pique) !
Pourquoi dit-on: “Un binage vaut deux arrosages”?
En effet, avant de procéder au paillage, il est intéressant de biner la surface superficielle de son sol. Mais pourquoi ?
L’eau qui s’évapore à la surface du sol attire avec elle l’eau emmagasinée en profondeur par capillarité. Le binage permet de briser les canaux superficiels et donc de garder son sol humide beaucoup plus longtemps, et ce, même en profondeur ! Il est idéal de biner et de pailler son sol au printemps pour garder le plus longtemps possible les stocks d’eau constitués en hiver en profondeur. Il est aussi important de mettre une épaisseur de paillage suffisante (15-20 cm) afin de garder son sol humide.
Astuce méconnue d’exemple d’utilisation du paillage
En couvrant le sol au pied de certains arbres fruitiers avec de la paille en fin d’hiver, on retarde le réchauffement du sol et le débourrement (l’éclosion des bourgeons). On protège ainsi les arbres des gels tardifs, qui rappelons-le, peuvent être fatals pour les récoltes comme cette année pour les fruitiers et les vignes dans toute la France.
Sources: L’autonomie au jardin, le guide terre vivante, Le Guide du jardin BIO, aux éditions terre vivante