Un nouveau jardin vient d’être crée au sein des jardins pédagogiques de Terre et Humanisme : le jardin soleil !

Il est né de l’envie à la fois de transformer un espace peu mis en valeur et en train de péricliter, mais aussi de tester de nouvelles plantes davantage résistantes au changement climatique. Le choix a alors été fait de créer un jardin sec, avec des plantes choisies pour leur rusticité et leur résistance à de longues périodes de sécheresse (jusqu’à 3 mois sans eau !).
Ce n’est pas un jardin potager ici dont nous allons parler, mais bien d’une zone avec des plantes ornementales, médicinales et parfois comestibles.

Dans cet article, je vais principalement vous parler de la mise en place de l’espace, des étapes que nous avons suivies. La prochaine fois j’aborderais plus spécifiquement les plantes en elles même et leurs stratégies mise en place pour résister au manque d’eau.
Avant le jardin soleil, il y avait une zone avec quelques petits fruits : groseilliers et cassissiers ainsi que de la menthe et de la mélisse en couvre-sol. Au bout de quelques années, nous nous sommes aperçus que les petits fruits n’étaient pas adaptés et que les couvres sol perdaient énormément de leurs vigueurs. Sol séchant rapidement à cet endroit, exposé au soleil, des conditions pas idéales pour ces cultures.

Préparation de la zone :
Quelques mois avant, une réflexion a été faite sur le design du futur jardin avec un dessin réalisé et une sélection de plantes par rapport à leurs conditions de résistance, mais aussi aux périodes de fleurissement, à leur espacement les unes par rapport aux autres… Étape indispensable et primordiale qui vous fera gagner du temps par la suite lors de la mise en place.
À l’automne, la 1re étape a été de déplacer les petits fruits dans un lieu plus adapté et de venir occulter toute la future zone avec une bâche noire plaquée sur le sol en prenant soin de bien humidifier le sol en amont. La vie du sol pendant, c’est plusieurs mois d’occultation est venue digérer, décomposer les herbes en place.

Préparation du sol :
En février, nous sommes venus enlever la bâche, il n’y avait plus d’herbes, seulement des racines de menthe encore présentes dans le sol. Il a fallu alors aérer et décompacter le sol à l’aide d’une grelinette et mettre en forme des petites buttes respectant le design choisi au départ. Bien décompacter le sol avant de planter un massif de plantes de terrain sec permet aux racines de plonger en profondeur et la plante résistera mieux à la sécheresse. Si le sol est trop rocheux pour être décompacté (garrigue), vous pouvez faire un apport de terre dans chaque trou.
Il est très important d’avoir un sol drainant : pour cela, nous avons créé des petites buttes surélevées, mais vous pouvez aussi si vous avez un sol plutôt argileux, il faut ajouter du sable grossier.

Ne vous inquiétez pas trop de la richesse de votre sol, la majorité des plantes du jardin sec sont des plantes sauvages issues de zones méditerranéennes aux sols pauvres et dégradés. D’ailleurs, un jardin riche ne conviendra pas, les plantes pousseront trop vite les premières années, et leur durée de vie sera d’autant plus courte.

Plantation :
Choisir pour l’ensemble du jardin des plantes parfaitement adaptées à votre sol et à votre climat.
Vous économiserez du temps, de l’eau, et le résultat final n’en sera que plus réussi.
Il est possible de planter en fin d’hiver ou au printemps. Si comme nous vous planter au printemps, il faudra suivre l’arrosage beaucoup plus attentivement pendant toute la première saison : environ un arrosage en profondeur par semaine durant tout le premier été. La plantation en automne demande moins de suivi, car la plante a le temps de s’installer avant son repos en été.
En tout cas, la 1re année, on cherche surtout à avoir une plante qui s’enracine bien avec un feuillage limité pour réduire l’évapotranspiration, c’est souvent la 2e année qu’elle va prendre du volume.

Il est conseillé de faire une cuvette autour des plantes, elle va permettre de retenir l’eau d’arrosage en l’empêchant de s’échapper en tous sens sur la surface.

L’arrosage :
Oubliez l’arrosage en goutte-à-goutte ou l’aspersion ! Vous n’en aurez pas besoin. Un bon nombre de plantes résistantes à la sécheresse ont un cycle naturel de repos en été, et vous risquez de les faire mourir si vous les arrosez.
Pour adapter les plantes à la sécheresse mieux vaut arroser le moins souvent possible, mais beaucoup pour que les racines s’installent en profondeur.

Il faut néanmoins surveiller l’arrosage la première année. Si vous plantez à l’automne des plantes de petite taille, cet arrosage pourra être très limité : un bon arrosage après la plantation, puis des arrosages espacés (environ une fois par mois en hiver, puis une fois toutes les 2 à 3 semaines en période chaude) jusqu’à la fin du premier été. Les plantations de printemps nécessitent un rythme d’arrosage nettement plus fréquent jusqu’à la fin de l’été (un arrosage en profondeur 10 l environ une fois par semaine). Une fois passé le premier été, vous n’aurez plus besoin d’arroser vos plantes du tout.

L’entretien :

Il faut désherber régulièrement autour des nouvelles plantations la 1re année. Par la suite, le feuillage empêchera la germination des adventices et les couvre sol que vous aurez planté leur feront rapidement concurrence.
La 1re année, on évite de couvrir son sol, cela facilitera le retrait des adventices et permettra une bonne aération autour du collet des plantes. Nous avons seulement mis du broyat sur les passages et autour des buttes.
Par la suite, vous pourrez pailler avec des écorces de pin, des paillettes de lin, du broyat ou des cailloux pour un côté plus minéral. Évitez les paillages qui conservent trop l’humidité dans le sol !
Dans votre jardin, si vous le souhaitez, vous pouvez retailler légèrement les plantes en fin d’été. Cela permet d’éliminer les inflorescences fanées et de favoriser un port dense et ramifié qui assure un meilleur vieillissement. Mais on peut aussi décider de laisser les plantes prendre la forme qu’elles souhaitent comme cela se fait spontanément dans la nature.
Et enfin, amusez-vous à le décorer : ici des dalles pour faciliter la circulation, là des bouts de bois pour un côté esthétique et un joli panneau !

Article écrit par Bérengère formatrice et jardinière en agroécologie à Terre et Humanisme

Pin It on Pinterest