La newsletter de ce mois-ci aborde une thématique primordiale et très chère à mes yeux : la gestion de l’eau.

La gestion de l’eau, et surtout l’économie d’eau, est pour nous, jardiniers de Terre et Humanisme, une priorité. Nous essayons d’utiliser la quantité d’eau minimale pour une production maximale.

Depuis la création des jardins pédagogiques du Mas de Beaulieu dans les années 2000, notre priorité a toujours été d’économiser l’eau. Pour cela, nous testons et expérimentons des techniques agroécologiques résilientes qui mettent en avant le sol vivant. À terme, grâce à la structuration physique du sol, celui-ci tend à devenir comme une éponge.

Ainsi, en amont, dans nos jardins, nous mettons l’accent sur la réserve utile du sol et sa capacité à subvenir aux besoins en eau des plantes.

Malgré tous nos efforts de structuration du sol, de couverture de sol, d’ombrage et de maximisation de la biodiversité, les conditions climatiques font qu’il est parfois nécessaire de recourir à un arrosage ponctuel des plantes.

On a l’habitude de dire dans le sud de la France qu’il faut 1 m³ d’eau pour 1 m² cultivé afin de maintenir une production annuelle, en tenant compte de la pluviométrie locale. Cette formule très généraliste dépend évidemment du type de sol, de l’orientation du jardin, des vents dominants, de l’altitude, des cultures etc. Cependant, elle coïncide généralement avec la plupart des jardins du sud de la France.

Je devrais plutôt dire “coïncider”, car ces dernières années, nous faisons face à des vagues de chaleur en augmentation et à des canicules à répétition. Ce qui était une formule confortable pour maintenir la production annuelle devient une formule de survie pour le jardin potager.
Que signifie cette formule ? Elle indique que pour cultiver 1 m² (hors passe-pieds et chemins), il faut au minimum 1 m³ d’eau stockée pour subvenir aux besoins du potager (Les légumes font parties des plantes les plus gourmandes en eau). Bien sûr, cette formule n’est valable que si vous ne pouvez stocker que de l’eau de pluie et que vous n’avez pas accès à des sources, forages ou autres solutions d’accès à l’eau.
Pour arroser de manière la plus résiliente possible, il est important, lorsque les plants sont bien enracinés, de pratiquer un arrosage conséquent, mais espacés dans la semaine, afin que l’eau s’infiltre profondément. Cela obligera la plante à développer des racines en profondeur. Par exemple, au Mas de Beaulieu, sur la plupart des buttes bien installées, nous arrosons à hauteur de 20 L/m² par semaine, soit 2 fois 10 L par m² par semaine (en saison estivale normale), en cas de canicules et vagues de fortes chaleurs, nous rajoutons un cycle d’arrosage de 10l/m² une troisième fois dans la semaine. Notons que notre sol est sablo-limoneux, nous obligeant à recourir à des arrosages fractionnées.
Pour maximiser l’humidité et le sol vivant, tous nos jardins sont paillés et équipés de systèmes d’ombrage en plein été.
Pour arroser votre jardin, vous pouvez le faire à la main (soit avec un arrosoir, soit avec un tuyau d’arrosage) ou opter pour une solution de micro-irrigation. Cette dernière permet de faire des économies d’eau, car l’arrosage est optimisé et automatisé, arrosant seulement la quantité optimale d’eau pour les plantes et évitant les excès.

Il existe deux systèmes de micro-irrigation : le tuyau micro-suintant et le goutte-à-goutte.

Les tuyaux micro-suitants :
Depuis 25 ans, nous avons choisi d’utiliser les tuyaux micro-suintants dans nos jardins. Ces tuyaux permettent une utilisation simple et efficace pour nos rotations et associations de cultures. Chaque butte de nos jardins mesure 1,2 mètre de large, et chacune est équipée de trois systèmes de micro-suintants espacés de 30 cm. Cela permet de planter ou semer librement, car le micro-suintant arrose sur toute la longueur du tuyau, couvrant une large surface et arrosant toute la vie du sol.
Cependant, ce système d’arrosage nécessite un régulateur de pression en amont pour fonctionner correctement. Une pression excessive peut faire éclater les tuyaux.
Par exemple, dans nos jardins du mas de Beaulieu, nous lançons l’arrosage des micro-suitants 1 h15 deux fois par semaine en pleine nuit pour éviter au maximum l’évaporation, cette heure de demi avec nos types de micro-suitants 8l/heure/m2 correspond à 10l/m².

Nous utilisons avec succès des tuyaux de qualité de la marque Poritex, avec un débit de 4/8L/m²/heure. Vous pouvez les trouver, par exemple, ici : Tuyau Micro-Suintant PORITEX

Pour augmenter la durée de vie des tuyaux, il est important de les protéger du soleil et de les mettre à l’abri du gel et du froid en hiver, si possible.
En résumé, l’utilisation de tuyaux micro-suintants est une méthode éprouvée pour assurer une irrigation efficace et durable dans nos jardins, tout en respectant les besoins de nos cultures et de notre sol.

micro suintant

Le système par goutte-à-goutte :
Le goutte-à-goutte est un système différent, car l’idée générale est d’arroser uniquement la plante et non toute la vie du sol, ce qui est pour nous dommage dans notre démarche agroécologique. Il existe deux types de systèmes de goutte-à-goutte : les buses à installer soi-même sur un tuyau que nous percerons à chaque emplacement des plantes à irriguer, ou les tuyaux pré percés (par exemple tous les 30 cm).
Contrairement au système de micro-suintants, il n’est pas nécessaire d’installer un régulateur de pression en amont. Le goutte-à-goutte accepte jusqu’à 4 bars de pression. Un des grands avantages du goutte-à-goutte est qu’il permet, grâce à sa haute pression, de connecter en parallèle une buse racinaire, une micro-aspersion ou un brumisateur.

Pour commander au mieux ces deux systèmes de micro-irrigation, deux choix s’offrent à vous :

– Soit directement sur un robinet et activer l’arrosage manuellement en faisant attention au temps

– Soit utiliser un programmateur, recommandé pour pouvoir arroser de façon efficiente la nuit ou en cas d’absence prolongée.

En résumé, bien que le goutte-à-goutte soit efficace pour arroser directement les plantes, il ne favorise pas autant la vie du sol que les systèmes de micro-suintants. Cependant, il offre une flexibilité et une capacité d’adaptation aux besoins spécifiques de chaque plante.

Auteur : Frédéric Fortin. Animateur Formateur en agroécologie chez Terre & Humanisme.

 

goutte-à-goutte

 

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