Les associations de culture, en fait, c’est quoi ?
Il s’agit de l’un des principes de base des pratiques agroécologiques.
On s’inspire de la nature pour reproduire un écosystème, certes avec la participation de l’humain, mais en essayant d’avoir le milieu le plus diversifié : le contraire de la monoculture !
Associer des cultures, c’est imbriquer et cultiver plusieurs plantes différentes au même endroit et en même temps.
Pourquoi associer les cultures au potager ?
– Améliorer l’espace dans le temps en associant des légumes au cycle court à d’autres au cycle plus long. L’exemple le plus connu est l’association des radis avec des carottes.
Quand on sème les carottes, elles vont mettre du temps à germer (parfois jusqu’à 3 semaines), on peut avoir du mal à voir le sillon et le semis peut avoir tendance à s’assécher. En semant des radis au milieu des carottes et en même temps cela va résoudre ce problème, car le radis pousse vite, il marquera ainsi facilement le sillon et permettra de conserver l’humidité dont la carotte a besoin. Les radis seront prêts à récolter au bout d’un mois, au moment où le semis de carotte commencera à se développer, cela va permettre ainsi d’éclaircir le rang.
Autre exemple : les choux avec les salades
– Optimiser l’espace en profondeur en associant des plantes aux racines différentes. Chaque racine va alors pouvoir aller puiser l’eau et les matières organiques dans différentes parties du sol.
En effet, les légumes peuvent avoir différents types de racines :
– Certains ont une racine pivotante, c’est-à-dire qu’elle a une racine principale s’ancrant verticalement dans le sol et des racines secondaires se développant latéralement. Comme pour le radis, la carotte, le navet, la betterave.
– D’autres légumes auront des racines dites fasciculées.
Se présente sous la forme d’un faisceau. Toutes les racines partent d’un même point et s’enracinent dans le sol sans qu’une racine principale ne prédomine.
On peut observer ce genre de racines chez les poireaux ou les oignons par exemple.
– Et enfin certains légumes ont des racines superficielles qui se développent peu en profondeur comme pour les laitues, la mâche, les épinards, les pois ou haricots.
– Optimiser l’utilisation des substances nutritives disponibles en associant des plantes aux exigences similaires. Certains légumes ont des besoins nutritifs importants, d’autres beaucoup moins. (ref : Comment organiser les rotations de culture ? – Formation en agroécologie (terre-humanisme.org) )
– Maximiser l’espace en jouant sur les hauteurs, créant ainsi une ombre légère avec des plantes tuteurs. L’exemple le plus connu est le MILPA qui associe le maïs avec les haricots et les courges. En effet, le maïs s’élance vers le ciel et sert de tuteur au haricot alors que les courges servent de couvre-sol. D’autre part, les trois sont complémentaires dans leurs besoins, le haricot est un légume sobre tandis que les deux autres sont des gourmands qui vont profiter de la capacité du haricot à fixer l’azote de l’air dans le sol et le rendre assimilable.
– Accroitre l’effet protecteur face à certaines maladies ou répulsif contre certains insectes. Par exemple la famille des alliacées (ail, oignon, échalote) est intéressante, car leurs fortes odeurs vont repousser des pucerons.
Les plantes aromatiques sont aussi très importantes, à la fois pour la cuisine…mais aussi, car elles émanent énormément d’odeurs différentes qui permettent de troubler d’éventuels ravageurs.
Penser a installer des plantes pièges comme la capucine ou le colza qui vont attirer les pucerons, des plantes hôtes à auxiliaires du jardin comme le tournesol qui va attirer de nombreux oiseaux.
L’association tomate et œillet d’Inde sont une des plus connues. Les racines des œillets sont réputées efficaces pour faire fuir les nématodes, de microscopiques vers blancs qui s’attaquent aux racines des tomates.
Plus il y a d’auxiliaires moins il y aura de ravageurs !
– Esthétisme, en effet, il n’y a rien de mieux qu’un potager où l’on peut aussi croiser des fleurs de couleurs et hauteurs variées mais aussi profiter des différentes odeurs que nous procurent les vivaces et aromatiques présentes.
Les principes
– Vérifier que chaque plante ait accès à l’eau et à la lumière dont elle a besoin.
– Disposer les végétaux en pensant à leur développement une fois adulte pour qu’ils ne soient pas trop serrés, car l’humidité constante entre eux peut engendrer le développement de maladies.
– Faites-vous plaisir tout en pensant au côté pratique pour les futures récoltes.
– À vous de vous faire vos propres expériences !
Exemple d’association dans nos jardins pédagogiques du Mas de Beaulieu en Ardèche :
Sur une planche de culture, on va généralement avoir une culture dite « principale » comme par exemple des tomates misent au centre de la planche. On va y associer des betteraves sur un des côtés et des salades sur l’autre côté. Les deux profiteront à un moment de la journée de l’ombre des plants de tomates. On optimise ainsi l’espace avec des hauteurs différentes.
Bien évidemment, on a aussi intégré des basilics entre nos tomates (car quoi de meilleur que la salade d’été tomate/basilic frais !!) et en début et fin de planche, on met toujours quelque aromatique, ici cela pourra être du persil, des oignons rocambole ainsi que des fleurs pour la beauté et la pollinisation.
Article écrit par Bérengère Roche, formatrice en agroécologie